Suiboku, la voie de l’encre

La peinture suiboku est un style particulier de l’art oriental. Elle constitue une des branches de ce que l’on nomme sumi-é. (en japonais, sumi : encre, é : peinture, la peinture à l’encre).

La caractéristique de la technique suiboku est la capacité de créer d’un seul trait de pinceau toutes les nuances du noir aux gris. Depuis des siècles, en Extrême-Orient, le suiboku a constitué un loisir de choix pour l’amateur.
La peinture monochrome a été reconnu comme une forme d’art dans la deuxième partie du XI° siècle en Chine. Traditionnellement, il existait deux sortes de style monochrome :
– celui pratiqué par les peintres professionnels,
– celui pratiqué par les bunjin (lettrés) pour qui l’art du pinceau et de l’encre était un plaisir.

Ces bunjin de la Chine ancienne étaient un peu différents des intellectuels d’aujourd’hui. Ils devaient en permanence rester disponibles pour servir leur pays et remplir leurs devoirs de gouvernants. Mais une fois que les crises politiques étaient passées, ils pouvaient retrouver leur vie paisible et se consacrer à l’écriture et à la peinture. En tant qu’amateurs, ils n’étaient pas soumis aux règles imposées à la peinture officielle, ainsi leur peinture était libre de mettre l’accent sur l’esprit plutôt que sur la technique. Ce style doux, léger, limpide est connu comme le style de l’école Nanga. Lorsque la culture chinoise se répandit au Japon, l’école Nanga fit résonner dans le cœur des érudits japonais une note positive.

‘’ Au Japon, on n’étudie pas un art pour l’amour de l’art, écrit D.T. Suzuki, mais pour les clartés spirituelles qu’il dispense. Si l’art s’arrête à la forme extérieure, s’il ne conduit pas aux profondeurs essentielles, autrement dit s’il ne devient pas une forme de spiritualité, le Japonais ne l’estime pas digne d’être étudié.’’